Je ne crois pas aux frontières entre les arts, encore moins au cinglant et académique clivage entre art et artisanat. J’ai pour espoir que s’entremêlent au gré des formes que je modèle et des couleurs que je déploie, la multitude de mes passions ; leur nécessité. Musique, danse, littérature, mode, cinéma, photographie, dessin, peinture, nature.

Une attirance certaine pour la gourmandise et la cuisine m’a menée dans un premier temps à délaisser la fade et blanche vaisselle industrielle, impropre à révéler la couleur, les saveurs ainsi que l’odeur des mets préparés.

Puis, lorsqu’est venue l’heure de meubler mon appartement du 18ème arrondissement, la passion des brocantes, des objets anciens, des vestiges dénichés grâce au regard, s’imposa à toutes mes fins de semaine, arpentant sans relâche les puces de Saint-Ouen.

Je ne percevais -aussitôt- que ce qui était réalisé minutieusement à la main. L’artisanal et le Personnel. La plupart du temps, je rapportais de mes pérégrinations des poteries, vagabondes et sans signature, anonymes. Ces formes imparfaites et bosselées, parfois sublimement ratées et aux brûlures d’émaux, me firent pousser la porte d’un atelier de modelage à quelques rues de chez moi.

Depuis, la vie a cheminé, et les portes de ce paradis, de ce premier atelier, se sont refermées.

D’autres se sont dévoilées, et mon atelier a pris naturellement place au milieu des voûtes de terre cuite et des pavés de pierre, de ce joli dédale médiéval qu'est Penne d’agenais. ( Classé "Plus beau village de France"  en 2023.) Je le visitais quelques années plus tôt, émerveillée par son charme et sa végétation locale, et avec l’envie -qui sait ?- un jour, d’y installer ma boutique.

C'est chose faite, et j'ouvre à présent mon premier atelier-boutique dans un local ancestralement occupé par des potiers, entourée d’artisans talentueux qui redonnent chacun vie à ce ravissant village oublié.