Sans tour ni détour

      Chaque potier a ses préférences. Pour ma part, je me suis tout de suite sentie dans mon élément avec le modelage, et non le tour. J'ai commencé la poterie par un stage d'une semaine de tournage lorsque j'habitais à Paris. Si toutefois cela me plaisait beaucoup, je ressentais beaucoup de fatigue en ressortant, comme si le tour aspirait mon énergie. Je n'aimais pas qu'un objet s'apparentant à une machine fasse l'intermédiaire entre ma main et mes aspirations. Je me suis mise alors au modelage, et ce fut là la véritable révélation. Contrairement au tour, le modelage me prodigue de l'énergie et de la force au quotidien ;  je peux rester des heures dans mon atelier sans même m'en rendre compte. 

 

       J'aime accorder du temps à mes poteries. Elles ne peuvent pas être montées rapidement comme au tour. 
A mes yeux, le travail du modelage et le temps passé sur une pièce confèrent une présence toute particulière à l'objet fini, plus vivant et artisanal qu'une poterie façonnée au tour, certes, moins lisse et parfait, mais ô combien enrichi de ses aspérités.

 
 Je n'utilise pas non plus de moules qui permettent d'industrialiser les pièces et de décliner une même forme en grande quantité. Je ne souhaite pas rentrer dans une logique de productivité -de toute façon impossible lorsqu'on travaille à la main-  et c'est pourquoi cette méthode me convient bien. 

La lenteur du travail de la terre modelée à la main exclusivement est pour moi une valeur forte car elle s'oppose radicalement aux exigences et aux normes de rapidité et d'efficacité de notre monde contemporain. 

Ainsi, en achetant ou offrant de telles pièces, l'acte d'achat est d'autant plus engagé et responsable